mercredi 4 mars 2009

Mobilisation, information, durcissement et stratégie gouvernementale

A la veille de la journée de manifestations nationales du 5 mars, qu'en est-il de la mobilisation contre les réformes de l'enseignement supérieur (statut des enseignants chercheurs, "mastérisation" de la formation des enseignants du primaire et du secondaire, LRU) ?
Le 3 mars, Valérie Pécresse a reçu les syndicats. Un rapide compte-rendu dans Libération publié le 04-03, semble souligner des avancées significatives dans la réécriture du décret du statut des enseignants-chercheurs (rien sur les autres revendications). A noter que le syndicats majoritaire SNESUP a décliné l'invitation de la Ministre, jugeant "trop restreint le cadre des discussions".
Plus tard dans la journée, un communiqué de presse d'un des syndicats présents à la réunion avec la Ministre se montre beaucoup plus mesuré dans l'état des avancées (billet de la journaliste Véronique Soulé sur son blog). Pour AutonomSup, qui se présente comme "indépendant" mais plutôt "classé à droite" et donc peu familier de ce type d'engagements dans des actions, se montre insatisfait du "climat" des négociations et semble relativement échaudé. D'ailleurs, il participera aux manifestations du 5 mars.
Si le gouvernement a bien fait des "annonces" concernant l'emploi, si le décret relatif au statut des enseignants-chercheurs semble bien remis sur le métier, le ministère ne s'est pas engagé sur un plan pluri-annuel pour l'emploi dans l'enseignement supérieur et la recherche. Quant au décret, à la fois les actions et la communication semblent pour le moins confuses (nomination d'une médiatrice, proposition de nouveau décret par un parlementaire de l'UMP, nouveau décret en cours d'écriture par la médiatrice, nouveau décret en cours d'écriture avec les syndicats,...).
Dans les universités métropolitaines, les AG commencent à voter des blocages : Lyon II, Montpellier 3, Orléans, Aix-Marseille 1 (avec les EC, qui ont démissionné de leurs charges administratives), Aix-Marseille 3, Angers, Artois, Bretagne Occidentale, Limoges, Caen (suspension des cours), Montpellier 3, Pau, à Paris IV les personnels ont fermé le centre de Clignancourt,... Si certaines universités étaient déjà bloquées, le mouvement semble s'accélérer depuis deux jours (voir le recensement fait par Sauvons l'Université !). A Bordeaux 3, les enseignants chercheurs, "exaspérés de ne pas être entendus", bloquent les bâtiments (billet du blog de V. Soulé, le 05/03).
Le blocage des universités semble marquer dans les faits une radicalisation des actions menées à la fois pour se faire entendre des médias et du gouvernement. Le traitement médiatique est singulièrement faible depuis la dernière descente dans la rue. Cette radicalisation des actions ne fait qu'entériner la radicalisation des revendications puisque la coordination nationale exigeait l'abrogation de la LRU. Au regard de cette évolution, les réponses gouvernementales semblent "pragmatiques" car s'attaquant point par point aux différents sujets de revendication mais semblent bien sectorielles, timides voire floues. Il est à noter que les ministres ont eux-aussi largement puisé dans leur registres d'actions : après avoir joué la temporisation (silence des premières semaines), la fermeté (Pécresse et Darcos droits dans leurs bottes), le rapport de force (comptage des manifestants), la "négociation" (nomination d'une médiatrice, réunions avec les syndicats), la concession (les emplois), voilà l'enfumage (nouvelle écriture du décret) et la division (concession sur le décret, silence sur la "mastérisation").
Après cinq semaines de conflit dans les universités et les centres de recherche, on peut s'interroger sur la stratégie de l'action gouvernementale et sa cohérence.

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